#capri #littérature #poésie #d’Adelswärd-Fersen
Quand ce livre parut en 2015, il fut froidement accueilli par une certaine critique prétendument engagée et militante. À l’époque, des remarques d’ordre idéologique avaient négligé plusieurs nouveautés : la publication de l’article d’Ada Negri, du testament de Jacques d'Adelswärd dans la version déposée par son notaire de l’époque, ou encore de plusieurs textes méconnus, comme celui paru dans la revue de Cerio à Capri ou dans la revue Pan. Certes, il eût fallu être plus pointu, parfois plus rigoureux. Pourtant, au niveau du contenu, l’ensemble éclairait les motivations de la violence du tout-paris littéraire qui s’était déchaînée contre Fersen ; les documents proposés offraient des sources qui permettaient de ne pas l’ignorer, en proposant des pistes de réflexion nouvelles.
L’héritage de la classe intellectuelle qui avait condamné Jacques d'Adelswärd à l’exil resurgit vigoureusement dès que ce nom tant méprisé réapparaît dans les catalogues éditoriaux. Il serait démuni de talent littéraire, ne figurerait pas parmi les grands auteurs. Mais est-ce bien l’écrivain que l’on critique... ou plutôt sa personne ? Et puis, combien de grands auteurs peuplent les anthologies, les librairies, les festivals, la mémoire collective ? Théophile Gautier, dans un siècle désormais lointain, écrivait à propos du romantisme que « si le public ne s’occupe guère d’habitude que des étoiles de première grandeur, il n’existe pas moins dans les cieux des lueurs vagues qu’on néglige, et qui sont parfois des mondes considérables [...] et qui jouent un rôle important dans l’harmonie universelle ». On a donc vu émerger le sentiment d’une vision formatée de l’histoire littéraire.
« Au lieu de m’aider, écrit Jacques d'Adelswärd en 1909, toute une catégorie bien peu indulgente et nullement intellectuelle d’adonisiens me tourne le dos. » Il avait bien raison de le croire, car cette méthode a perduré, devenant la règle. D’ailleurs, selon certains, il faudrait que l’agenda d’une maison d’édition soit dicté par la morale et l’actualité politique. Quant à la question de savoir ce qu’a fait cette critique depuis quatre-vingts ans maintenant, cela reste un point non négligeable de l’histoire culturelle de ce pays.
Cette réédition augmentée propose des extraits de poèmes, des articles de journaux français et étrangers, des morceaux choisis de la production de Jacques d'Adelswärd. Et, pour la première fois, elle propose la pièce de théâtre Les messes noires de Roland Brévannes, s’inspirant des faits de l’avenue de Friedland. Cette pièce avait été censurée à l’époque, puis mise en scène au théâtre de la Bodinière à Paris.
Jacques d'Adelswärd -Fersen. Ecoutez la chronique de Christophe Bier au cours de l'émission Mauvais genre
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