Et si toute l'économie résidait dans l'économe, cet humble instrument de nos cuisines ? Georges Clemenceau pensait que la guerre était une affaire trop sérieuse pour la laisser aux (seuls) militaires. François Vatin pense de-même que l'économie n'appartient pas aux (seuls) économistes. Il montre la présence de l'économie chez les artistes et les mécaniciens, les physiologistes et les théologiens et défend l'idée qu'il ne faut pas chercher à la consigner dans un espace restreint du monde social, mais, au contraire, se la réapproprier dans toutes ses dimensions.
Dans une postface d'histoire immédiate, l'auteur montre qu'on ne peut opposer valeurs économiques et valeurs sanitaires. La crise sanitaire n'a pas restreint la place de l'économie dans la société, elle a réorganisé le système collectif de valeurs selon un ordre hiérarchique provisoirement géré par les autorités publiques.
Dans son discours solennel aux Français du 16 mars 2020, le Président de la République Emmanuel Macron a répété pas moins de six fois : « nous sommes en guerre ». Certains ont pu considérer inappropriée cette emphase martiale. Chacun, pourtant, n’a pu manquer de ressentir dans sa vie quotidienne quelque chose ressemblant à l’état de guerre, seule justification possible à la restriction radicale des libertés subie. Une « drôle de guerre », peut-être, ce n’est pas la première. La mémoire collective des Français s’est d’ailleurs spontanément réactivée du souvenir des années 1939-1940 : l’exode des urbains vers les
campagnes, la constitution de stocks alimentaires, le marché noir des masques et des produits hydroalcooliques... On a retrouvé aussi l’économie domestique dont j’ai beaucoup parlé dans cet ouvrage. Comme en temps de guerre, la restriction des déplacements et la fermeture des commerces a conduit à un retour vers des formes économiques plus autarciques : on a remis en service les économes pour peler les patates quand les frites congelées n’étaient plus disponibles dans les fast-foods
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